
Des drag-queens dans un food-court ouvert à tous
Le Heat est ce qu'on appelle un "food-court". Traduisez, une aire de restauration. Ici, ce sont des halles où il est possible d'acheter à manger dans différentes échoppes. Ce lieu n'est pas du tout estampillé LGBT+ alors, ce soir là, il y avait tout types de personnes. Des familles, des groupes d'amis... concernés ou non par la communauté. Certains ont donc été surpris de voir débarquer, en fin d'après-midi, un groupe de drag-queens prêtes à en découdre autour d'une partie de bingo.

Faire plaisir aux clubs du troisème âge
Du bingo ? C'est original ! Ce jeu n'est-il pas réservé aux clubs du troisième âge ? Visiblement non, puisque beaucoup de Lyonnais se prêtent au jeu et placent méticuleusement leurs pois-chiches sur les nombres annoncés au micro.

Place au bingo !
A Lyon, les jetons du bingo ont été remplacés par des pois chiches. La raison ? C'est plus écologique et sûrement plus économique.

Sous cette perruque blonde, il y a...
L'accueil est on ne peux plus chaleureux. D'un coup d'oeil, la drag-queen à barbe repère notre appareil photo et lance, au micro : "Bonjour madame la photographe, comment tu t'appelles ? Clémence ? Bienvenue Clémence ! Viens-là que je te fasse un bisou !". Autant dire qu'il était impossible d'éviter une grosse trace de rouge à lèvres collé sur la joue. Sous cette perruque blonde, il y a Gaston Tenenbaum, co-gérant du bar clubbing Baston. D'ailleurs, ce nom n'a rien de violent. Il est simplement né de la contraction entre deux prénoms, celui de Bastien Lascoux et de Gaston Tenenbaum.

"C'est 20 balles"
Gaston anime cette partie de bingo avec "Clothilde du 38". Déambulant dans les allées avec un verre de rosé à la main, cette dernière est chargée de mettre de l'ambiance dans ce moment décalé. Alors, dès qu'elle le peux, elle ponctue ses phrases d'un : "Si tu veux du bon plaisir, c'est 20 balles".

Fausses poupées Barbies et jouets de filles à gagner
"On fait gagner beaucoup de jouets de fille comme des fausses poupées barbies, des machines pour faire des bijoux en strass, qu'on nous a donné", détaille Clothilde. Et le bingo, ce n'est pas trop rétro ? "C'est vrai que je ne sais pas trop d'où ça vient. Nous, les drag-queens, on aiment bien jouer au bingo, sûrement parce que c'est très décalé. Comme ça, on remet un peu de neuf dans ce jeu qui prenait la poussière !"

Surprise au retrait du lot...
D'ailleurs, quand l'heure était venue pour les participants de venir chercher leurs gains, la plupart souriaient. Cette partie de bingo est à l'image de la soirée : inédite.

"Désolé, j'ai de l'herpès"
Il est 20 heures, le bingo se termine. Le temps pour Clothilde du 38 de remettre ses seins en place. Des ballons de baudruche remplis d'eaux qui font leur petit effet auprès des Lyonnais. Surtout quand la dame s'approche, une cigarette entre les lèvres : "Désolé, je ne te fais pas la bise, j'ai de l'herpès". Au Heat, ce soir-là, les affiches ne mentent pas. Il y a bien "une surprise à chaque visite".

La soirée continue avec Hildegarde
La soirée se poursuit avec la musique électro de Hildegarde. Une créature parisienne qu'on ne saurait trop définir.

Entre le strip-tease et la performance chantée
Ce soir-là, l'artiste propose une performance pour le moins originale. Un mélange entre le strip-tease et d'une reprise chantée d'un titre de Lady Gaga : "Bad Romance".

"Je ne te dirai pas tout pour préserver mon anonymat"
Ce n'est que plus tard dans la soirée que nous avons croisé de nouvelles drag-queens. Pas très causantes, d'ailleurs. "On peut discuter si tu veux... mais je ne te dirai pas tout pour préserver mon anonymat. Et puis, pas maintenant". Trop occupée à danser sur les hauts-parleurs qui crachent la musique du DJ AUBRY, cette drag-queen s'éloigne sans plus d'explications. Autour, le public habitué à fréquenter le Heat commence à se poser des questions. En se perdant dans la foule, on a entendu quelqu'un dire : "C'est sympa cette soirée mais il y a quand même beaucoup trop de travelots!"

Beaucoup trop de travelots ?
Nous retrouvons la drag-queen mystérieuse plus tard dans la soirée (à gauche sur la photo). Interrogée par une petite fille appelée Léonie, 4 ans, elle répondra seulement : "Je m'appelle Trauma. Je suis un garçon et je suis habillée en fille pour le spectacle". Quant à cette réflexion que nous avions entendu le soir, "il y a beaucoup trop de travelots", Fræka L'Ankoù (drag-queen, à droite sur la photo), soupire : "Quelqu'un a dit ça ? C'est ultra violent comme remarque. Heureusement, je ne fais pas trop attention aux gens qui sont autour de moi".